Car rapide, l'emblème du transport sénégalais


Parfois utiles grâce à des prix défiant toute concurrence, généralement dangereux à cause de leur état de vieillissement avancé, les minibus dakarois appelés « cars rapides » sont intimement liés à la société sénégalaise au point d’en être le symbole au musée de l’Homme de Paris.
Comme le « yellow cab » à New York, le bus à impériale pour Londres, l’image des « cars rapides » est intimement liée à Dakar. 


Même dans les télévisions étrangères, il suffit de montrer ces véhicules de transport en commun, peints en jeune et bleu, pour qu’on sache qu’on parle bien de Dakar, la capitale Sénégalaise. Et pourtant, ces véhicules viennent d’Europe et servaient à transporter de …la marchandise.
De marques Renault SG2 et SG4, ils sont gérés par des transporteurs privés et peuvent accueillir de 23 à 32 passagers, selon le modèle. Avec un jaune et bleu chatoyant, les « cars rapides » arborent une décoration soignée marquée par un esthétisme original. Couleurs vives, dessins de lutteurs, inscriptions et amulettes constituent le revêtement des « cars rapides ».



Du transport de marchandises au transport urbain

A l’origine, le «car rapide» est soit une Renault 1000 kg, soit une Estafette. Ces deux modèles de véhicules utilitaires de Renault sont respectivement commercialisés de 1945 à 1965 et de 1959 à 1980. C’était des fourgons qui avaient pour mission d’aider les artisans et les commerçants à transporter leurs productions vers les marchés et contribuer aussi activement à la reconstruction d’après-guerre. Au Sénégal, ils ont été transformés en véhicules de transport en commun depuis une cinquantaine d’années.
Le «car rapide», tel qu’on le connait, est donc un pur produit de l’expertise locale. Les vitres, les sièges, la décoration, tout y a été ajouté par les «génies» sénégalais. D’une longueur de 4,35 m, avec une largeur de 1,82 m pour 2,12 m de hauteur, le «car rapide» s’offre, en effet, des ouvertures des deux côtés et propose 23 places assises, dont trois à côté du conducteur, dix dans la cabine intermédiaire appelée «le salon» et dix autres des deux côtés de la longueur du véhicule en arrière.

Des tôles de barriques pour fabriquer la caisse


Pour retaper ces «car rapides», nos « génies» ne cherchent pas loin. Ils font juste dans le recyclage. Au lieu d’aller acheter des plaques en tôle assez couteux, mais plus sûres, certains tôliers se rabattent sur des tôles de barriques usagées. Quelques coups de marteau par ci, des baguettes de soudure par là et voila qu’ils parviennent à lisser la ferraille pour en faire une aile de «car rapide». Le peintre se chargera de corriger les imperfections.

Son moteur capable de fonctionner 24h/24


Si une bonne partie des 124.570 exemplaires de la 1000 kg et des 533.209 de l’Estafette s’est retrouvée au Sénégal, pour devenir des «cars-rapides», c’est parce que ces véhicules sont dotés de moteurs quasi-increvables. Les «car-rapides» peuvent fonctionner 24h sur 24, sans relâche. Les freins avant et les freins arrière diffèrent de ceux de beaucoup de véhicules. Ce qui fait que malgré leur gabarit, ils sont facilement maitrisables.

Une disparition annoncée

Du fait que depuis 30 ans, Renault ne fabrique plus de «car rapide», des tôliers et mécaniciens se sont mués en «spécialistes». C’est eux qui retapent les voitures endommagées et les remettent à neuf pour les réinjecter dans le circuit. Un travail artisanal qui ne répond à aucune norme industrielle. Souvent la puissance du moteur qui résiste à l’usure du temps et aux intempéries, jure d’avec la légèreté de la caisse faite de tôles de barriques usagées. Ceci, conjugué à l’indiscipline des chauffeurs qui appliquent leur propre code de la route font que les «car rapides» sont souvent impliqués dans des accidents d’une rare violence.

Symbolisant les gloires et tares de la société sénégalaise, la place des « cars rapides » risque d’être de plus en plus au musée. « Si toutes les conditions sont réunies, il ne devrait plus rester de “cars rapides”en circulation en fin 2018 », assure Alioune Thiam, Directeur général du Centre exécutif des transports urbains à Dakar (Cetud). Pour cela, un programme de renouvellement du parc autobus de Dakar a été mis en place. Pour chaque « car rapide » retiré de la circulation, le transporteur privé reçoit un bus d’un prix unitaire de 18 700 000 francs CFA dont est déduit l’apport de l’Etat sous forme de prime à la casse de 2 000 000 francs CFA. Le reste du crédit (16 700 000 francs CFA) est échelonné sur 60 mois.


SOURCES: Le Monde et SeneNews

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